Une figure de proue de plusieurs groupes nationalistes radicaux, nationaux-socialistes et antisionistes en Espagne se révèle aujourd’hui être un agent « antifasciste » infiltré.
À partir de fin 2020 et d’une manière croissante depuis fin 2021, Armando Rodríguez Pérez a mené une double vie.
L’un des visages d’Armando Rodríguez Pérez est celui d’un avocat spécialisé dans les droits de l’homme, organisant des conférences à thème fortement « antifasciste » et dirigeant le bureau madrilène d’un cabinet d’avocats qui offre des conseils à des clients germanophones et anglophones en Espagne.
L’autre visage d’Armando Rodríguez Pérez est celui d’un leader radical de « l’extrême droite », non seulement représentant certains des nationaux-socialistes les plus connus d’Espagne mais aussi jouant un rôle actif dans la direction de leurs organisations, un fait qui soulève des questions troublantes concernant la mesure dans laquelle lui et ceux qui le commandent ont peut-être franchi la ligne entre l’infiltré et l’agent provocateur.
Au cours de novembre-décembre 2022, Armando Rodríguez Pérez :
(1) est devenu « secrétaire d’action politique » pour un nouveau mouvement qui représente la faction « nationale bolchevique » de « l’extrême droite » espagnole ;
(2) s’est infiltré dans le cercle d’une militante politique britannique et s’est rendu à sa résidence en Allemagne, où il a rencontré plusieurs militants nationaux-socialistes allemands de premier plan ;
(3) s’est porté volontaire pour assurer la liaison entre un dissident politique en fuite et le gouvernement iranien.
Pendant plus d’un an, jusqu’à la dissolution du groupe l’automne dernier, Armando Rodríguez Pérez a été co-dirigeant d’une formation de jeunesse national-socialiste, Bastión Frontal, et a organisé des liaisons à l’étranger avec des groupes homologues en France, en Italie, en Serbie, en Pologne et ailleurs.
Et, jusqu’à ce jour, il servait encore comme avocat de la défense de la militante qui a attiré l’attention des médias internationaux sur le Bastión Frontal, l’étudiante de 20 ans Isabel Peralta.
Pourtant, Armando Rodríguez Pérez n’est pas ce qu’il semble être.
INFILTRER « L’EXTRÊME DROITE »
Au cours de l’été 2020 – durant les premiers mois de la pandémie – la police secrète espagnole (le CGI, à peu près équivalent à la DGSI française) a commencé à surveiller les activités d’un nouveau groupe de jeunesse national-socialiste, le Bastión Frontal, dont les activités consistaient à la fois à s’opposer à l’immigration clandestine (en particulier aux gangs d’immigrés infestant les rues) et à attirer l’attention sur la situation besogneuse de nombreux Espagnols de la classe ouvrière qui souffraient des restrictions dues à la pandémie.
Une étudiante en histoire de 18 ans à l’Université Complutense de Madrid, Isabel Peralta, a été observée pour la première fois par la police secrète lors d’une activité du Bastión Frontal en septembre 2020. Elle avait auparavant milité dans d’autres groupes phalangistes mais avait été déçue par certains de leurs chefs réactionnaires et corrompus. Isabel s’est attiré l’attention internationale le 13 février 2021 lorsqu’elle a prononcé un discours en hommage aux héroïques volontaires anticommunistes de la División Azul, qui à partir de 1941 ont combattu sur le front de l’Est contre l’Armée rouge de Staline.
Fin 2020, un avocat de 30 ans, Armando Rodríguez Pérez, fait soudain son apparition dans les milieux « d’extrême droite ». Il s’est d’abord présenté parmi les ultras du football dans le dur quartier madrilène de San Blas-Canillejas, puis a prononcé un discours sur le bilan de l’engagement de la División Azul lors d’une réunion de nationaux-socialistes s’intéressant à l’histoire militaire. Il n’avait aucune activité politique connue, ni même le plus lointain lien avec une quelconque forme de mouvance nationaliste. Personne ne savait rien de lui et personne n’à fait une recherche sur lui. Pour des raisons qui maintenant semblent mystifiantes, Armando a été accueilli comme un camarade par diverses factions radicales, chacune supposant peut-être que quelqu’un s’était porté garant de lui.
Armando a renforcé sa crédibilité dans ces cercles en s’accrochant au Bastión Frontal après être devenu la face la plus visible du nationalisme radical espagnol, en grande partie grâce à sa co-dirigeante, Isabel Peralta.
En très peu de temps, il s’était imposé comme l’un des dirigeants de ce groupe de jeunes nationaux-socialistes, en partie parce qu’il était âgé de quelques années de plus et en partie parce qu’il leur offrait des conseils juridiques gratuits et même les représentait devant les tribunaux à titre gratuit.
Bientôt, il se faisait appeler « Armando Bastión » et prononçait régulièrement des discours lors des réunions du groupe, agissant également en tant que modérateur de leur forum en ligne sur Telegram. Après qu’Isabel Peralta a déménagé en Allemagne pendant quelques mois fin 2021 et début 2022, Armando Rodríguez Pérez s’est imposé comme chef du Bastión Frontal, surtout après l’emprisonnement du co-chef Rodrigo Miguélez. Armando a représenté Rodrigo et Isabel dans plusieurs affaires pénales et civiles.
À l’automne 2022, Bastión Frontal s’est effondré, mais Armando Rodríguez Pérez continue de représenter Isabel dans une longue affaire pénale, où les procureurs tentent de la faire emprisonner pour un discours prononcé en mai 2021 lors d’un rassemblement anti-immigration devant l’ambassade du Maroc. Il la représente également dans une action civile en cours qu’elle a intentée contre le Centre Simon Wiesenthal, basé aux États-Unis, et au Jerusalem Post.
Pourtant, dans ces deux affaires (et dans le cadre de soucis judiciaires antérieurs des militants du Bastión Frontal), Armando Rodríguez Pérez avait un grave conflit d’intérêts, ce qui faisait qu’il était manifestement malséant pour lui d’agir au nom de ces clients. Alors qu’eux étaient des militants nationalistes, nationaux-socialistes et antisionistes, Armando Rodríguez Pérez avait déjà une longue expérience (qu’il a dissimulée à ses nouveaux clients et « camarades ») de travail pour une fondation universitaire explicitement antifasciste et antinazie, entretenant d’étroits liens avec l’Etat d’Israël et des organisations juives internationales.
ARMANDO ET L’INSTITUT BERG
Armando Rodríguez Pérez est arrivé soudainement dans les cercles nationalistes / Armando Rodríguez Pérez est arrivé soudainement dans les cercles nationalistes / nationaux-socialistes après plusieurs années de travail avec un important organisme universitaire spécialisé dans les études sur « l’Holocauste » et d’autres thèmes « antifascistes » : l’Institut Berg (Instituto Berg), basé à Madrid.
Il a étudié pendant un an à l’Université hébraïque de Jérusalem. Sa biographie sur la version espagnole du site Web de son ancien cabinet d’avocats a, depuis quelque temps, été modifiée pour supprimer toute référence à son séjour à Jérusalem, mais une version antérieure de la même page en anglais porte toujours cette référence.
La maîtrise d’Armando en « Relations internationales, droit international et résolution des conflits » a été entreprise conjointement avec l’Université Alfonso X el Sabio de Madrid, l’« Université pour la paix » des Nations Unies et l’Institut Berg.
Il a ensuite travaillé au sein de « l’équipe de coordination académique » de l’Institut Berg et a participé aux programmes de formation de l’Institut menés conjointement avec l’armée et les forces de sécurité colombiennes.
Autrement dit, Armando Rodríguez Pérez ne faisait pas simplement des études en Israël, ni ne s’était simplement associé avec désinvolture à l’Institut Berg : il était en fait un organisateur et un coordinateur de plusieurs des projets de ce dernier. Et c’est d’autant plus troublant si on regarde plus en détail le contenu des conférences qu’il a organisées.
Des liens semblables avec l’Institut Berg ont été partagés avec les deux amis proches avec lesquels il a créé, en 2015, un cabinet d’avocats à Madrid appelé GABEIRO – José Feliciano Beceiro Armada et Jesús Gavilán Hormigo. Gavilán a étudié à Jérusalem en 2014 aux côtés d’Armando et a travaillé pour la Fundación Internacional Baltasar Garzón, nommée en l’honneur du juge « antifasciste » le plus tristement célèbre d’Espagne, tandis que Beceiro a précédé Armando en tant qu’organisateur de la conférence internationale annuelle de l’Institut Berg.
En janvier 2022 un quatrième avocat qui faisait partie de ce cabinet éphémère GABEIRO (Álvaro Domec López) a été impliqué par Armando en tant que conseil dans l’affaire pénale d’Isabel Peralta – un fait qui était complètement inconnu d’Isabel elle-même jusqu’à ce qu’il soit révélé dans des documents judiciaires.
Il faut regarder de plus près cet Institut Berg, pour lequel Armando Rodríguez Pérez a agi en tant que coordinateur/organisateur avant sa soudaine « conversion » à la cause radicale nationaliste/national-socialiste.
Il y a beaucoup de juifs dans le monde et, bien sûr, il serait ridicule de supposer qu’un avocat est un agent juif s’il a eu simplement un lien passager avec un client juif.
Le lien d’Armando est beaucoup plus grave, surtout lorsqu’on le considéré parallèlement au travail avec la police et l’armée, et au travail international entrepris avec le soutien de cette organisation antifasciste particulière.
Le lecteur doit garder à l’esprit le fait qu’Armando ne s’est à aucun moment confié à ses nouveaux camarades afin d’expliquer sa conversion politique. Son passé d’organisateur de conférences antifascistes était totalement secret jusqu’à ce qu’il soit révélé lors de l’enquête dont découle le présent article.
ARMANDO L’ORGANISATEUR DE CONFÉRENCES ANTI-NAZIES
En 2014 et 2015, Armando Rodríguez Pérez a été l’organisateur de deux conférences internationales pour l’Institut Berg. Il s’agissait d’événements de très haut niveau qui duraient chacun une quinzaine de jours, commençant à Madrid puis se déplaçant à plusieurs autres villes européennes. Les directeurs de la conférence étaient les deux co-directeurs de l’Institut Berg, dont l’un était le directeur académique d’Armando, le professeur Joaquin González Ibáñez.
Ces conférences étaient imprégnées de l’éthos « antinazi » et antifasciste propre à l’institut. Le 23 juin 2014, la deuxième journée de la conférence comprenait un hommage à l’exposition au Museo Reina Sofía consacrée au tableau de Picasso Guernica (la ville basque espagnole bombardée par la légion Condor, une force allemande qui appuyait les nationalistes du général Franco en avril 1937 pendant la guerre civile), œuvre qui a atteint un statut mythique et iconique pour les antifascistes.
Un co-directeur de l’Institut Berg y a fait une intervention intitulée « Le colonialisme, les guerres mondiales et l’Holocauste » ; après cette conférence, quelques-uns des participants ont visité la Cour européenne des droits de l’homme. Puis le 1er juillet suivant Armando a organisé une visite au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace. C’était le seul camp de ce type établi par les autorités allemandes sur le sol français, et il est souvent décrit comme un «camp de la mort». On prétend – mais cela fait l’objet d’une certaine controverse – qu’il y a eu une chambre à gaz homicide dans le camp, mais qu’il s’agissait seulement d’un local primitif censé avoir été utilisé pour d’occasionnelles mises à mort expérimentales et non pour des massacres comme ceux que l’on met sur le compte d’Auschwitz et d’autres camps d’Europe de l’Est.
Le regretté universitaire révisionniste Prof. Robert Faurisson a analysé en détail cette histoire de « chambre à gaz » de Natzweiler-Struthof. Faurisson a découvert que même l’expert scientifique envoyé par les procureurs militaires français pour examiner le Struthof (il s’agit du professeur René Fabre, doyen de la faculté de pharmacologie de Paris) a conclu en décembre 1945 qu’il n’y avait aucune trace d’acide cyanhydrique (c’est-à-dire le principe actif de l’arme présumée du meurtre de masse, le ‘Zyklon B’, en fait un insecticide largement commercialisé) dans la prétendue « chambre à gaz » du camp. Les cadavres de victimes prétendument « gazées » que Fabre a inspectés dans une morgue de Strasbourg ne présentaient pas non plus de trace de ce poison. Natzweiler-Struthof est donc unique parmi les prétendus « camps de la mort » en ceci qu’il a fait l’objet d’une enquête scientifique menée non pas par un « révisionniste » mais par un expert travaillant pour la justice du nouveau gouvernement français en 1945 et dont les résultats montrent qu’il n’avait pas pu fonctionner pour les buts qu’encore aujourd’hui l’industrie de l’« Holocauste » lui impute.
Mais rien de tout cela n’est mentionné par l’Institut Berg, pour lequel la visite organisée par Armando n’était qu’une génuflexion sur un lieu de l’« Holocauste ». Comme le voyage à Madrid pour voir l’exposition consacrée au Guernica, c’était un acte d’hommage quasi religieux aux « victimes du nazisme ». Comme nous le verrons, toute la vision de l’Institut Berg repose sur des fondements holocaustiques.
Au lendemain de cet acte d’hommage au « camp de la mort », la conférence a discuté du grand procès de Nuremberg, encore un élément fondamental pour la version du « droit international des droits de l’homme » promue par l’Institut Berg.
Un an plus tard, en juin-juillet 2015, Armando a organisé une seconde conférence de l’Institut Berg selon des principes très similaires, intégrant à nouveau une visite du « camp de la mort » de Natzweiler-Struthof. Cette fois il y avait aussi une conférence du juriste universitaire Javier Chinchón, de l’Université Complutense de Madrid, sur le thème de la mémoire historique et de la responsabilité de l’État envers les «victimes». Chinchón a soutenu que l’Espagne n’avait pas suffisamment condamné les crimes de l’ère franquiste : il a été l’un des principaux lobbyistes universitaires à faire pression pour le passage d’une « loi de Mémoire Démocratique » stricte du type récemment adopté.
La cliente actuelle d’Armando, Isabel Peralta, a fait campagne de l’autre côté de ce débat – mais à aucun moment Armando ne lui a avoué qu’il avait lui-même été l’organisateur de conférences universitaires qui promouvaient activement la loi en question ; des conférences pleinement imprégnées d’une morale « antifasciste » cherchant à fonder toute l’approche aux « droits de l’homme » sur une certaine orientation politique pour ce qui concerne la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale.
En 2013, une conférence précédente de l’Institut Berg – organisée dans le même sens que les deux qu’avait animées Armando lui-même en 2014-2015 – a été organisée par le partenaire d’Armando dans le cabinet GABEIRO, José Feliciano Beceiro Armada. Cela comprenait une réception offerte par l’ambassadeur colombien. (Beceiro et Armando ont tous deux participé aux séances de formation de l’Institut Berg pour l’armée et les forces de sécurité colombiennes.)
Encore une fois, la conférence s’est conclue par un pèlerinage solennel au « camp de la mort » de Natzweiler-Struthof.
Les collègues d’Armando à l’Institut Berg ont continué à organiser ces conférences chaque année, exception faite des annulations dues à la pandémie. En 2019, la conférence s’est tenue en Israël, en coordination avec le partenaire académique de longue date de l’Institut Berg qu’est l’Université hébraïque de Jérusalem. Il comprenait des visites à l’ancienne icône historique de Massada (où, dit-on, des soldats juifs se sont suicidés en 74 après J-C plutôt que de se rendre aux forces romaines qui avaient assiégé la forteresse) et au parlement israélien, la Knesset ; et bien sûr un pèlerinage au Musée de l’Holocauste, Yad Vashem.
En janvier 2022 une conférence internationale similaire organisée par l’Institut Berg comprenait un pèlerinage à Auschwitz.
L’INSTITUT BERG – ENRACINÉ DANS LES ÉTUDES SUR « L’HOLOCAUSTE » ET L’ANTI-NAZISME
L’Institut Berg – pour lequel Armando Rodríguez Pérez a travaillé et qui a été le co-organisateur de sa formation académique – est spécialisé dans la publication des travaux de personnalités juives de premier plan en relation avec « l’Holocauste », des procès pour crimes de guerre et des activités antinazies.
Formellement constitué en 2009 sous le nom de Fundación Berg Oceana Aufklarung, son fondateur et codirecteur est Joaquín Gonzáles Ibáñez, professeur de droit international et de relations internationales à la fois à l’Université Complutense de Madrid, établie de longue date, et à l’université privée Alfonso X, d’instauration beaucoup plus récente.
Dans un interview de janvier 2019 le professeur Gonzáles a expliqué que l’Institut s’était en partie inspiré de son héros politique Nelson Mandela, et a souligné que toute sa vision des « droits de l’homme » était enracinée dans l’antifascisme et l’antinazisme :
« Nous nous référons toujours à la perspective historique, selon laquelle vraisemblablement les trois pires héritages des derniers siècles, les heures les plus sombres, les chapitres les plus sombres, les moments les plus infâmes des deux derniers siècles de l’histoire mondiale ont été précisément créés par les Européens. Ce que je veux dire, c’est l’héritage du colonialisme et du fascisme, tous les deux sont des créations européennes. Ainsi, Franco, Mussolini et Hitler et d’autres personnages historiques sont tout aussi européens que van Gogh, Goya ou Picasso. Et dans ce programme, nous commençons par Auschwitz et nous allons au Musée d’Art Moderne Reina Sofía pour une rencontre avec le Guernica de Picasso. Et nous avons cet outil, qui est une approche juridique, mais aussi historique, politique… »
Le professeur Gonzáles poursuivait en expliquant comment son Institut Berg avait créé « la plus importante bibliothèque des droits de l’homme en langue espagnole ». Cela a commencé en 2010 avec la Trilogie d’Auschwitz de Primo Levi, qui fut « le berceau du projet, le premier livre de la collection, numéro zéro, nous avions la chance d’avoir le meilleur point de départ. … Aller à Auschwitz main dans la main avec Primo Levi, cela vous montre non seulement le passé, mais aussi quelles sont vos principales responsabilités envers la planète Terre. »
Au moment de cet entretien de 2019, l’Institut venait de publier Totalmente Extraoficial, les mémoires de Raphael Lemkin, publiés à l’origine en anglais en 2013 sous le titre Totally Unofficial. Plus célèbre comme l’homme qui a inventé le terme « génocide », Lemkin était un avocat juif polonais qui s’était transféré aux États-Unis et est devenu conseiller spécial au ministère de la guerre américain. Son livre de 1944, Axis Rule in Occupied Europe, est considéré comme un « texte fondamental dans les études sur l’Holocauste », et Lemkin est devenu le principal conseiller de Robert H. Jackson, conseil en chef du procès de Nuremberg.
L’édition espagnole comportait 70 pages supplémentaires tirées des archives de Lemkin et un prologue de l’écrivain espagnol Antonio Muñoz Molina, lauréat du prix de Jérusalem qui réside actuellement à New York. Muñoz a également écrit une introduction à l’édition espagnole, réalisée par l’Institut Berg en 2019, des mémoires des « chasseurs de nazis » les plus célèbres d’Europe, Serge et Beate Klarsfeld (publiés à l’origine en français en 2015, puis en anglais en 2018 sous le titre Hunting the Truth: Memoirs of Beate and Serge Klarsfeld). La vidéo ci-dessous montre un événement organisé conjointement par l’Institut Berg et un centre culturel juif de Madrid – Centro Sefarad Israel – rendant hommage aux Klarsfeld.
On sait maintenant que les Klarsfeld travaillaient régulièrement avec la police secrète de l’Allemagne de l’est communiste – la Stasi – pour diaboliser des hommes politiques occidentaux en les traitant de « nazis » et monter des coups de propagande « anti-nazis ». Ils ont organisé de nombreuses opérations secrètes contre des anciens militaires nationaux-socialistes et des « néo-nazis », et en 1974 ont été reconnus coupables et condamnés à deux mois de prison (sursis accordé en définitive) pour la tentative d’enlèvement de l’ancien officier SS de renseignement Kurt Lischka.
Parmi les réalisations les plus célèbres des Klarsfeld figurent la recherche de l’ancien officier de la Gestapo Klaus Barbie et son expulsion de Bolivie vers la France pour y être jugé, et la campagne pour réclamer des poursuites contre le préfet de police de Paris à la retraite Maurice Papon. Ils ont également traqué René Bousquet, ancien fonctionnaire du gouvernement de Philippe Pétain à Vichy. Bousquet a été assassiné avant qu’il ne puisse passer en jugement.
A plusieurs reprises, les Klarsfeld ont tenté de retrouver Alois Brunner, un ancien fonctionnaire du Troisième Reich qui vivait à Damas après la guerre : Beate Klarsfeld a même entrepris une mission d’infiltration en Syrie, où elle a été brièvement emprisonnée.
Depuis la fin des années 1970, l’une des principales cibles des Klarsfeld était l’universitaire révisionniste français Robert Faurisson. Ils ont fait campagne pour des poursuites contre Faurisson, ont participé au tout premier procès intenté contre lui en 1979 et ont organisé une propagande anti-révisionniste dans de nombreux pays. Ils ont également été actifs dans des campagnes contre des personnages politiques représentant de nombreuses tendances nationalistes de nos jours, y compris Marine Le Pen qui s’éloigne minutieusement du racialisme, du révisionnisme historique et de « l’antisémitisme ».
Les Klarsfeld, beaucoup mis en valeur par le fondateur de l’Institut Berg, Gonzáles, sont parmi les principales inspirations de ce dernier, tout comme Fritz Bauer, le magistrat juif allemand qui était chargé d’informer le service de renseignement israélien, Mossad, sur la localisation d’Adolf Eichmann, ainsi permettant à cet organisme d’entamer l’opération qui s’est achevée par son enlèvement à Buenos Aires, suivi de son procès et son exécution à Jérusalem. Bauer a également été procureur au procès dit d’Auschwitz à Francfort qui a débuté en 1963, le procès le plus important lié à « l’Holocauste » après celui de Nuremberg. L’Institut Berg a travaillé avec l’Institut Fritz Bauer pour créer un « Prix du film sur les droits de l’homme » en l’honneur de Fritz Bauer et de Raphael Lemkin conjointement.
Le professeur Gonzáles a dit que, en construisant l’institut, il a « personnellement songé à mes héros, Lemkin, Primo Levi, bien sûr, Klarsfeld et enfin Fritz Bauer. … D’autre part, nous travaillons sur quelque chose de spécial sur la guerre civile en Espagne et l’après-guerre civile et le traumatisme et l’héritage punitif et infâme de la dictature de Franco et la bonne fortune d’une réponse démocratique au cours des 40 dernières années de démocratie espagnole. Nous n’avions en Espagne, lorsque s’est déroulée la transition, aucun programme de conçu concernant la manière de traiter les violations des droits de l’homme et les crimes de la dictature de Franco de 1939 à 1975. Probablement peu de gens avaient pensé à ce scénario nécessaire. »
En d’autres termes, le professeur Gonzáles aborde l’échec des efforts d’institutionnaliser « l’antifascisme » dans l’Espagne post-franquiste. On a remédié à cette lacune en 2022 avec la « loi de la Mémoire Démocratique » qui diabolise le nationalisme espagnol et consacre les communistes et les antifascistes comme des héros, et avec une loi connexe sur « l’antisémitisme » qui, en effet, fait un délit de la critique du judaïsme et de nombreuses formes de révisionnisme de « l’Holocauste ».
Parmi les autres livres publiés par l’Institut Berg on trouve:
– L’édition espagnole de El juicio de Eichmann de Deborah Lipstadt (2019) : titre d’origine : The Eichmann Trial (2011).
– L’édition espagnole des mémoires du juif allemand Richard Sonnenfeldt, officier du renseignement qui était l’interprète personnel du général William Donovan, chef de l’OSS (précurseur de la CIA), et interprète en chef de l’équipe d’accusation américaine lors du procès de Nuremberg ; ces mémoires ont été publiés en espagnol par l’Instituto Berg en 2018 sous le titre Testigo en Núremberg ; publié d’abord en anglais en 2006 sous le titre Witness to Nuremberg.
– Un livre sur les néo-nazis américains d’Aryeh Neier, avocate juive allemande qui pendant vingt ans a été présidente du réseau « philanthropique » de George Soros, l’Open Society Institute ; dans l’édition espagnole de l’Instituto Berg (2020), ce livre s’intitule Defendiendo a mi enemigo ; publié d’abord en anglais en 1979 sous le titre Defending My Enemy: American Nazis in Skokie, Illinois, and the Risks of Freedom.
– Les mémoires de Sari Nusseibeh, un Palestinien très controversé considéré par beaucoup de ses compatriotes comme un traître puisqu’il prône l’abandon du droit au retour des Palestiniens en échange d’accords non spécifiés de « paix » avec Israël ; en 2002 Nusseibeh a été co-fondateur d’une initiative conjointe avec Ami Ayalon, ancien chef du service de sécurité israélien Shin Bet ; ces mémoires ont été publiés par l’Instituto Berg en 2020 sous le titre Érase una vez un país: una vida palestina (première parution en anglais en 2007 sous le titre Once Upon a Country: A Palestinian Life).
– El juicio del Káiser, de l’universitaire juif canadien William Schabas, une histoire de la tentative après la Première Guerre mondiale de traduire en justice l’empereur allemand Guillaume II pour « crimes de guerre » ; cette édition espagnole a été publiée en 2020 ; le titre d’origine en est The Trial of the Kaiser (2018); une grande partie du travail de Schabas se concentre sur le développement de la doctrine des droits de l’homme dans le contexte de « l’Holocauste » et du procès de Nuremberg, bien qu’il ait parfois fait l’objet de controverse pour son association avec la gauche israélienne et ses critiques à l’encontre des gouvernements Netanyahu.
– Les mémoires de Telford Taylor, un avocat américain et officier du renseignement surtout connu pour son rôle de procureur en chef au procès de Nuremberg. Ce livre a été publié par l’Instituto Berg en 2022 sous le titre Anatomía de los juicios de Núremberg ; titre d’origine : The Anatomy of the Nuremberg Trials: A Personal Memoir (1992).
– Justicia Imperfecta de Stuart Eizenstat, publié par l’Instituto Berg en 2019; première parution en anglais sous le titre Imperfect Justice: Looted Assets, Slave Labour, and the Unfinished Business of World War II (2009). Il s’agit d’un récit du rôle d’Eizenstat dans les années 1990 dans les tentatives d’obtenir une compensation financière pour les familles juives dont les biens immeubles, les biens personnels ou les comptes bancaires auraient été confisqués ou autrement perdus pendant « l’Holocauste ». Depuis 2013, il est le « conseiller spécial pour les questions de l’Holocauste » du Département d’État américain, nommé à ce poste par Hillary Clinton.
IIl ne pourrait vraiment pas être plus clair que l’Institut Berg est l’un des principaux établissements universitaires en Espagne qui font la promotion des études sur « l’Holocauste », et qu’il est imprégné d’une morale antifasciste et « antinazie ». Cependant, l’ancien élève de l’Institut qu’est Armando Rodríguez Pérez s’est présenté ces deux dernières années comme un militant fasciste, national-socialiste ou national-bolchevique : tantôt carliste, tantôt phalangiste, tantôt franquiste défenseur d’une nation espagnole unie, tantôt soutenant des desseins séparatistes. Tout en passant d’une faction à l’autre, Armando s’est étroitement associé aux groupes militants de «l’extrême droite» espagnole. Non seulement a-t-il agi en tant qu’avocat pour les figures de proue du groupe de jeunesse national-socialiste Bastión Frontal, aujourd’hui défunt, mais aussi il s’en était inséré au sein de la direction.
MISSION D’INFILTRATION
Ces derniers mois, la mission de l’infiltré antifasciste Armando Rodríguez Pérez a été élargie. Il a cherché à se rapprocher de Juan Antonio Llopart, nationaliste radical de longue date ainsi qu’éditeur. Armando se présente comme un militant antisioniste cherchant à assurer la liaison avec le gouvernement iranien et ses alliés.
Il est désormais répertorié comme « secrétaire à l’action politique » de la nouvelle organisation de Llopart, Movimiento Pueblo, qui essaie de s’enregistrer en tant que parti politique à temps pour les élections locales de 2023. Lors d’une récente conférence à Madrid qu’il a aidé Llopart à organiser, Armando a rencontré pour la première fois l’activiste britannique Lady Michèle Renouf, qui l’a plutôt naturellement supposé être un nationaliste et un antisioniste de bonne foi. Au cours du week-end du 2 au 4 décembre 2022, Armando a assisté à un petit rassemblement à la résidence secondaire de Lady Renouf dans la campagne allemande, où parmi les convives figuraient des personnalités bien connus de la scène national-socialiste. Bonne nouveauté pour l’infiltré antifasciste Armando, qui aura ramassé des renseignements et noué ce qu’il espère seront d’utiles rapports. Les personnes impliquées sont maintenant averties des véritables allégeances d’Armando, et nous espérons que les dégâts seront minimisés.
Ces relations britanniques et allemandes ont déjà permis à Armando Rodríguez Pérez de s’insinuer dans un stratagème visant à obtenir de l’aide de la part de l’Iran pour un fugitif politique recherché par les autorités allemandes. Nous sommes pleinement informés de ce plan mais, pour des raisons évidentes, nous n’en communiquons pas encore les détails. On prend actuellement des mesures pour minimiser les dégâts que l’infiltré antifasciste Armando Rodríguez Pérez peut causer – bien que l’on ne sache pas encore si son intention est de saboter les efforts en cours pour secourir le dissident en question ou d’utiliser toute l’affaire pour se mettre dans les bonnes grâces des réseaux iraniens et, peut-être, les infiltrer pour le compte des intérêts israéliens.
Ce qui est certain, c’est qu’Armando Rodríguez Pérez signifie des ennuis pour les nationalistes, les nationaux-socialistes, les révisionnistes et les antisionistes. Plusieurs de ses positions idéologiques incohérentes semblent avoir été adoptées avec l’intention première d’affaiblir et de diviser le mouvement nationaliste radical, tant en Espagne qu’au niveau international.
En janvier de 2022 la police de Madrid, lorsqu’elle tentait de retrouver Isabel Peralta (qui à l’époque résidait temporairement en Allemagne), a reçu un appel téléphonique d’un avocat du nom d’Alvaro Domec qui prétendait être le représentant légal d’Isabel. En fait, elle ne l’avait jamais rencontré, n’avait jamais correspondu avec lui et n’avait jamais entendu parler de lui, mais les pièces judiciaires de son procès en cours d’instruction pour le discours de mai 2021 devant l’ambassade du Maroc continuent de présenter Domec comme ayant été son avocat.
Pour des raisons inconnues, aucun des dossiers de la police et du parquet relatifs à l’enquête sur Isabel Peralta et le Bastión Frontal ne mentionne Armando Rodríguez Pérez. De plus, malgré l’intérêt intense des médias antifascistes et grand public pour le Bastión Frontal lequel, pendant une grande partie de 2021-2022, a été dépeint comme une organisation « néonazie » particulièrement dangereuse et violente, aucun journaliste ni aucun « antifasciste » n’a jamais démasqué l’avocat madrilène apparemment respectable Armando Rodríguez Pérez comme étant son co-dirigeant « Armando Bastión ».
Tout aussi mystérieuse était la réticence d’Armando lui-même en mars 2022, lorsque sa cliente Isabel Peralta a été détenue à l’aéroport de Francfort et interrogée avant d’être expulsée d’Allemagne dans ce qui semble être un acte éventuellement illégale ; même réticence en octobre 2022, lorsqu’Isabel a de nouveau été détenue par la police dans la région de Hesse et s’est vu signifier un ordre d’exclusion permanente. Dans les deux cas, elle avait cruellement besoin d’un avocat allemand fiable, mais Armando a donné toute l’impression qu’il n’avait aucune relation en Allemagne qui puisse l’aider.
Au moment de l’arrestation d’Isabel en mars à Francfort, c’est le rédacteur en chef adjoint de Heritage & Destiny, Peter Rushton – et non pas son avocat madrilène Armando Rodríguez Pérez – qui a pris contact avec un avocat de Berlin bien expérimenté, Mᵉ Wolfram Nahrath, et lui a demandé de représenter Isabel, ce qu’il a fait.
Cette circonstance a ensuite été utilisée six ou sept mois plus tard par les autorités allemandes comme « preuve » qu’Isabel elle-même avait des « relations de haut niveau » avec des « extrémistes politiques allemands ».
Totalement à l’insu d’Isabel, son avocat espagnol Armando entretient en effet des liens particulièrement étroits avec des avocats allemands, un fait qu’il avait soigneusement évité de lui mentionner. En fait, son cabinet d’avocats à Madrid (adresse : Calle de Serrano, 79, 7d, la même que son ancien cabinet GABEIRO) fonctionne maintenant comme la succursale madrilène du cabinet Strafverteidiger Spanien. Cette entreprise porte un nom allemand, bien qu’il soit basée à Barcelone et possède également une succursale dans la station touristique de Palma de Majorque.
Le cabinet est dirigé par l’amie et collègue d’Armando, María Barbancho Saborit, et se spécialise dans la représentation de clients germanophones ayant besoin de conseil en Espagne, y compris des personnes accusées de délits financiers et/ou faisant l’objet d’un mandat d’arrêt européen.
Mme Barbancho Saborit semble être en partie d’ascendance allemande et a fait ses études à la Deutsche Schule de Barcelone, avant de passer une partie de son cursus universitaire à Heidelberg. Rien ne suggère que Mme Barbancho Saborit soit nécessairement partie prenante ou même consciente de la double vie d’Armando au sein des mouvements nationalistes en Europe. Elle est diplômée à la fois en droit espagnol et allemand.
CONCLUSION
La mission d’infiltration d’Armando Rodríguez Pérez en tant qu’espion au sein des cercles nationalistes radicaux et nationaux-socialistes soulève de graves questions sur le système judiciaire espagnol.
Comment peut-il être juste qu’un infiltré agisse en tant que représentant légal d’une personne accusée de délits politiques, alors qu’à l’insu de son client ce représentant a une longue histoire d’association avec des idées politiques complètement opposées ?
Naturellement, il est possible pour un avocat de représenter quelqu’un dont il ne partage pas les opinions. Mais dans le cas présent, Armando Rodríguez Pérez a fait semblant de partager ces opinions – il a en fait agi en tant que chef des groupes politiques concernés ainsi qu’avocat de leurs militants – tout en ayant, en fait, une allégeance de longue date aux forces opposées.
Il est urgent que les poursuites en cours contre Isabel Peralta soient abandonnées et que la police secrète et les procureurs espagnols expliquent ce qu’ils savent sur le véritable programme d’Armando Rodríguez Pérez.
En attendant, nous continuerons à travailler avec les membres des mouvements nationalistes, nationaux-socialistes, révisionnistes et antisionistes dans divers pays dans le but de minimiser et de réparer les dégâts provoqués par ce personnage.
Comme l’a écrit Friedrich Nietzsche il y a plus d’un siècle : Aus der Kriegsschule des Lebens – Was mich nicht umbringt, macht mich stärker. « Appris à l’école de guerre de la vie : ce qui ne me tue pas me rend plus fort. »